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J’ai trop peur, un spectacle pour apprendre à grandir

« Venez me chercher parce qu’ici tout me fait peur ! » : ces mots qui ouvrent le tout premier spectacle de la Compagnie sans Non, présenté le samedi 12 juin 2021 à l’AFSCO de Mulhouse, ce sont ceux d’Alain Souchon, ce sont ceux, surtout, de « Moi », l’enfant imaginé par David Lescot et qui, en cette veille des grandes vacances, est à la croisée des chemins, de ses chemins. Il quitte l’école et aussi un peu peut-être de son enfance et sait que dans deux mois, trente jours, deux jours, demain….il va falloir entrer en 6è. Mais comment vivre ce moment, comment même survivre à tout cela ? 
 
Le dramaturge se place à hauteur d’enfant pour interroger les peurs d’un jour, les peurs de toujours et le temps d’un été, nous voici comme Lucia, Imène, Naila, Naël, Olivier- les cinq magnifiques interprètes du rôle qui offrent chacun une image singulière, drôle et touchante de cet enfant - dans le cœur et dans la tête de « Moi », déjà plus un petit enfant et pourtant pas encore tout à fait prêt à renoncer aux jeux d’avant et aux berceuses si rassurantes de sa maman. 

Marie-Hélène et Félix Benoist poursuivent avec énergie et enthousiasme le travail engagé dans l’Atelier « Arts de la scène » du collège Kennedy avec leur toute nouvelle compagnie. Leur mise en scène donne toute sa force au texte et nous transporte tous sur la plage pour des vacances décidément pas comme les autres, dans des scènes douces et puissantes à la fois. Chaque moment de ce spectacle intimiste nous happe et la simplicité apparente d’un lieu, de quelques notes de musique,  d’un dialogue est en réalité une invitation à partager avec ce « Moi », notre intime étranger, les espoirs et les peurs les plus secrètes.  On se surprend à sourire, non sans nostalgie, en entendant les conseils hauts en couleur des ados « caïds » pour ne surtout pas devenir « un TPLD » (« tu pues la défaite »), on se souvient de scènes de vie au collège, on partage aussi des angoisses de nuits solitaires de ce « cruel summer » chanté par Bananarama, et l’émotion nous gagne, forcément, parce que nous cheminons, nous aussi, au fil du spectacle avec l’enfant que nous découvrons (ou que nous ne connaissons que trop bien) et qui se découvre lui-même, toujours fragile mais avec tant de forces aussi.
A la fin du spectacle, l’été se termine mais c’est bien d’un début qu’il s’agit…l’émouvante métamorphose de « Moi », cela a été la nôtre, forcément, ou cela sera la vôtre. Comme l’enfant, face aux choix à faire, on a pu hésiter: partir ? s’enfuir ? dormir ?  Et comme lui, comme « Moi », on peut dire à la fin du spectacle : « Grandir ! »

Marie Wieder